Le projet
Le projet LIFE Biocorridors :
Le Parc naturel régional des Vosges du Nord, avec son voisin et partenaire allemand le Biosphärenreservat Pfälzerwald, forment ensemble depuis 1998 la Réserve de Biosphère Transfrontalière (RBT) des Vosges du Nord-Pfälzerwald classée par l’UNESCO dans le cadre du programme „L’Homme et la Biosphère“.
Le territoire de la RBT s’étend sur 3 105 km², avec 74% de forêt. Parmi les causes principales de l’extinction actuelle de la biodiversité figure la destruction et la fragmentation des habitats naturels. A l’inverse, le rétablissement des corridors écologiques est reconnu depuis les années 1990 comme essentiel pour la sauvegarde de la biodiversité. Ces corridors, éléments de la trame verte et bleue, permettent aux espèces de se déplacer librement et d’éviter ainsi un phénomène d’isolement des populations qui peut conduire à une régression des effectifs, voire à leur disparition.
En 2012, une étude sur les réseaux écologiques transfrontaliers menée par le Parc naturel régional des Vosges du Nord (PNRVN) a permis de cartographier les corridors écologiques de la RBT des Vosges du Nord-Pfälzerwald, et d’identifier ceux à renforcer en milieux forestier, aquatique et ouvert. Sur cette base, le projet LIFE Biocorridors est né d’une phase d’animation et de concertation avec les acteurs locaux: élus, monde agricole, forestiers, services de l’Etat, usagers… Le projet, initié en 2016 par le SYCOPARC (Syndicat de coopération pour le Parc naturel régional des Vosges du Nord), a pour objectif principal la restauration des continuités écologiques dans les forêts, les milieux ouverts, les zones humides et aquatiques, à l’échelle du territoire transfrontalier.
Les objectifs du projet sont:
- La restauration de la dynamique naturelle des rivières en termes de continuité sédimentaire et piscicole;
- Le maintien à long terme et l’augmentation du nombre et de la capacité de dispersion des espèces en milieu ouvert;
- Le maintien à long terme et l’augmentation du nombre d’espèces forestières cavernicoles et liées au bois;
- Le conseil et l’accompagnement des acteurs concernés pour la mise en place de réseaux écologiques transfrontaliers;
- La sensibilisation des élus et du grand public à l’importance des réseaux écologiques pour les espèces mais aussi pour la qualité de l’environnement et la restauration des services écosystémiques.
Le projet est essentiellement orienté vers des actions de restauration de corridors écologiques dont l’objectif est de permettre la libre dispersion et le maintien à long terme de nombreuses espèces animales, dont certaines sont emblématiques de la RBT. Le projet ne cible pas une espèce spécifique mais les actions concrètes de conservation prévues ont un effet bénéfique sur de nombreuses espèces animales du territoire en milieu forestier, ouvert et aquatique. Certaines d’entre elles figurent sur des listes d’espèces protégées, dans les annexes des directives Oiseaux et Habitats ou sont en déclin, comme le Pic noir (Dryocopus martius), l’Azurée de la sanguisorbe (Maculinea teleius) ou l’écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes).
Les actions menées concernent les milieux forestiers, aquatiques et humides, et ouverts.
- En forêt : mise en place de refuges de biodiversité (50ha d’îlots de sénescence), diversification des milieux enrésinés (6ha diversifiés, le double de l’objectif initial) et restauration des ripisylves (4km).
- Au niveau des cours d’eau : suppression d’obstacles à l’écoulement (10 chantiers prévus), réduction de l’impact du pâturage (mise en défens de 6km de cours d’eau), acquisition foncière de zones humides (environ 5 ha).
- En milieux ouverts : plantations d’arbres fruitiers hautes tiges de variétés anciennes locales (800), plantation de haies champêtres diversifiées (6km), restauration de vergers (20ha) et de prairies maigres et humides (25ha).
Le projet s’inscrit dans la continuité des actions menées depuis 1975 par le PNRVN, en cohérence avec l’objectif « Préserver et développer les continuités écologiques » de sa charte 2014-2025. Il concourt à la réalisation de l’objectif 2 de la Stratégie pour la Biodiversité de l’Union Européenne 2011-2020 « Préserver et rétablir les écosystèmes et leurs services ».
Le projet a une base scientifique solide : des études préparatoires visent à identifier précisément les actions à mener, tandis que des actions de suivi permettent de mesurer les bénéfices du projet sur le territoire transfrontalier des Vosges du Nord – Pfälzerwald, via l’évaluation de la restauration des services écosystémiques et via une étude socio-économique. Les études de suivi des restaurations écologiques ont déjà démontré certains impacts positifs de la mise en œuvre des actions concrètes sur le territoire. En milieu agricole par exemple, une augmentation du nombre de couples d’oiseaux nicheurs (+ 34 couples) a été observée sur 21 des 30 sites plantés de fruitiers en 2016 en l’espace de 3 ans, avec l’apparition de 6 nouvelles espèces (Accenteur mouchet Prunella modularis, Bergeronnette grise Motacilla alba, Fauvette babillarde Sylvia curruca, Sitelle torchepot Sitta europea, Tarier des prés Saxicola rubetra, Tourterelle turque Streptopelia decaocto).
Un important volet de communication permet aux habitants du territoire de s’approprier les réalisations du projet et d’y prendre part directement. Le monde agricole est largement impliqué, via des conférences, ateliers techniques à destination des agriculteurs, mais aussi des plans de gestion agroforestiers visant à pérenniser les formations arborées existantes et les valoriser économiquement au bénéfice des acteurs locaux.
Le projet est financé par la Commission européenne à hauteur de 60%, l’Etat français (DREAL), la Région Grand Est, l’Agence de l’Eau, les départements du Bas-Rhin et de la Moselle, le Commissariat du Massif des Vosges et le Ministerium für Umwelt, Landwirtschaft, Ernährung Weinbau und Forsten du Land de Rhénanie-Palatinat.
Résultats attendus du projet:
Actions concrètes de restauration:
- En milieu forestier: Améliorer ou recréer des habitats favorables aux espèces cavicoles ou liées au gros bois et au bois mort (lucane cerf-volant, pics, chouettes, chiroptères). NOTA: Le milieu forestier réagissant très lentement, il est impossible de voir sur la durée du projet LIFE une amélioration significative en termes d’augmentation du nombre d’espèces.
- En milieu ouvert: Restaurer des zones refuges, améliorer l’état de conservation d’espèces des milieux ouverts (atteinte de densité optimale de 1-3 couples tous les 10ha dans les 10 ans pour le bruant jaune, la fauvette des jardins, retour d’espèces emblématiques comme la pie-grièche, la chouette chevêche d’ici 20-30 ans), augmentation de la densité de l’ensemble des espèces ubiquistes.
- En milieu aquatique: Restaurer la dynamique naturelle des cours d’eau: retour d’espèces telles que la truite, le chabot, la loche (toutes classes et tailles: signes de reproduction dans le cours d’eau), diminution du nombre de cyprinidés, de carnassiers, augmentation de la granulométrie, retour à la succession de faciès à l’amont des ouvrages supprimés.
Etudes préparatoires et de suivi:
- Etudes préparatoires: assurer une réalisation optimale des actions afin qu’elles répondent au mieux aux objectifs environnementaux recherchés
- Etudes de suivi: évaluer l’impact des actions sur les populations d’espèces, sur la fonctionnalité des écosystèmes et sur l’économie locale.
Communication:
- Réunions: former et sensibiliser les acteurs locaux sur l’entretien durable des arbres et haies en milieu agricole
- Création d’un site internet: présenter le projet LIFE, partager les rapports des études, présenter les travaux réalisés au grand public
- Edition d’une brochure: sensibiliser la population du territoire sur l’importance des réseaux écologiques pour la biodiversité
- Réalisation d’un film documentaire (et de 4 clips): présenter le territoire, les actions du projet et leurs objectifs à un très large public (écoles, associations, communes, autres PNR…)
- Installation de panneaux d’information, édition d’une brochure de vulgarisation, colloque de restitution, articles de presse et participation à des évènements…
L’équipe du projet:
L’équipe du LIFE Biocorridors a changé au fil du temps. Actuellement „resserrée“ elle est constituée de 3 personnes :
- François CHAZEL (SYCOPARC): Chef de projet, Coordinateur technique des actions du projet sur le territoire du PNRVN
- Olivier LAURENT (SYCOPARC): Responsable administratif et financier du projet LIFE Biocorridors
- Christina Kramer (Bezirksverband Rheinland Pfalz): Coordinatrice technique des actions du projet sur le territoire de la Réserve de Biosphère du Palatinat (Pfälzerwald)
Le projet LIFE Biocorridors bénéficie également de l’implication d’autres agents du SYCOPARC, en particulier:
- Marie L’Hospitalier, Chargée de mission Natura 2000 (pour les opérations en milieu aquatique en actions A1, C4 et le film documentaire en action E6)
- Alban Cairault, Chargé de mission « rivières » (pour le monitoring cours d’eau en action D1)
- Sébastien Morelle, Chargé de mission Natura 2000 « rivières et zones humides » (pour le film documentaire en action E6).
Ci-dessous: Marie L’Hospitalier en pleine action sur le site de Weiler, avec les administrations allemande et française en charge de la police de l’eau.
Ci-dessous: Alban Cairault et Sébastien Morelle en repérage de terrain avec Pishum Migraine et les collègues allemands de la Communauté de Communes du Dahner Felserland.
Le Programme LIFE de la Commission Européenne
LIFE est un programme de financement européen lancé en 1992 consacré à la protection de l’environnement et au développement durable. C’est l’abréviation utilisée pour désigner « L’Instrument Financier pour l’Environnement ».
Le programme LIFE comporte trois principaux volets :
– LIFE Nature : il finance des actions de conservation spécifiques dans le cadre de la mise en application des directives « Habitats » et « Oiseaux ».
– LIFE Environnement : il finance « des actions de démonstration, à caractère innovant, dans les domaines de l’aménagement du territoire (environnement urbain, qualité de l’air, réduction du bruit, etc.), de la gestion de l’eau et des déchets, de la réduction de l’impact des activités économiques et de la politique intégrée des produits. »
– LIFE Pays Tiers : il « finance la mise en œuvre des politiques et programmes d’actions en matière d’environnement dans certains pays riverains de la Mer Méditerranée et de la Mer Baltique. »
Ce budget permet le cofinancement de mesures nécessaires au maintien ou au rétablissement, dans un état de conservation favorable, des habitats naturels prioritaires et des espèces prioritaires qui figurent aux Annexes I (pour les habitats) ou II (pour les espèces) des Directives Habitat et Faune-Flore.
Le soutien financier de l’Union Européenne via le programme LIFE s’élève à 60% du budget du projet LIFE Biocorridors.
Hormis dans ce cadre, le PNRVN est impliqué dans un deuxième projet LIFE: Réintroduction du Lynx dans le Pfälzerwald